« L’inconscient n’existe pas; il n’y a que des miettes d’information, des lambeaux de mémoire pas assez importants pour être traités, des bribes comme autrefois ces bandes perforées dont se nourrissaient les ordinateurs; mes souvenirs sont ces bouts de papier, découpés et jetés en l’air, mélangés, rafistolés, dont j’ignorais qu’ils se mettraient bientôt bout à bout dans un sens nouveau.
La vie est une machine à arracher l’être; elle nous dépouille depuis l’enfance pour nous repeupler en nous plongeant dans un bain de contacts, de voix, de messages qui nous modifient à l’infini, nous sommes en mouvement. Un cliché instantané ne donne qu’un portrait vide, des noms, un nom unique.
J’allais bientôt être fracassé par une partie de la vérité et regardez-moi courir, ignorant, sans comprendre, accroché à l’espoir et à mon nouveau travail comme aux deux derniers vaisseaux sur la grève. »
Mathias Énard – Rue des voleurs
Aujourd’hui, je reviens avec une citation de M. Enard, mon auteur préféré si j’ose dire. Un homme qui a vécu et qui écrit comme j’aurai souhaité écrire. L’Alcool et la nostalgie m’avait particulièrement marqué, j’y reviendrai sans doute un jour dans un nouvel article. Rue des voleurs était également percutant, comme m’avait touché La Perfection du tir. Je ne saurai que trop vous conseiller de lire et de faire plaisir à vos yeux avec le génial Tout sera oublié chez Actes Sud BD en collaboration avec Pierre Marquèz. Sa prose est d’une poésie étonnante et d’une intelligence rare. J’ai eu la chance d’acquérir son dernier roman « Boussole » dont j’attends la lecture avec impatience, mais il mérite une lecture posée et absorbée, chose que je n’ai pas le temps de faire ces derniers temps, je vous en reparlerai ! Un « J’avais aimé » particulier donc, puisque cette citation m’est chère.
Quel est votre auteur préféré ? Je demande à découvrir, avec impatience.
La bise.